Wonder Prof vs Super Pénible
Pudiquement, on appelle ça un élève hautement perturbateur.
Tu es prof. Tu apprends que tu as un nouvel élève dans ta classe. Dans son ancienne école, il était surnommé Super Pénible. L’aventure commence…
Vendredi soir. Ta directrice d’école vient te voir :
« Lundi matin, tu as un nouvel élève dans ta classe. Il s’appelle Lucas, mais dans son ancienne école, tout le monde l’appelait Hannibal.
– Hannibal, comme le général pendant l’Antiquité ?
– Non, comme Hannibal Lecter, dans Le silence des agneaux. Allez, bon week-end.
Lundi matin. Lucas arrive dans la classe. Il est calme. Tu le rassures. Il t’écoute. Tu demandes aux autres élèves d’écrire la date dans le cahier du jour. Lucas écrit la date dans le cahier du jour. Tout se passe bien. Il n’est pas si terrible que ça ce Lucas ou alors c’est grâce à ton talent. Tu mesures à quel point, en plus d’être un(e) pédagogue hors pair, tu es aussi doué(e) d’une autorité assumée mâtinée d’une bienveillance fort à propos.
Lundi. 13h20. L’animateur du périscolaire te prévient que Lucas a essayé d’étrangler Doumba avec la corde à sauter. Ta première réaction concerne bien évidemment la sécurité : tu espères vivement que cet incident s’est déroulé sur le temps périscolaire, ce qui t’évitera de nombreux soucis.
Mardi 8h30. A peine entré dans la classe, Lucas provoque, agresse et se déplace sans autorisation.
Mardi 8h42. Linda vient se plaindre parce que Lucas lui a bouffé l’oreille.
Mardi 8h45. La pédagogie coule dans tes veines. Tu annules ta séance de maths et tu proposes une séance en arts plastiques sur Vincent Van Gogh.
Mardi 9h12. Tu crois qu’il est 11h30. Il n’est que 9h12.
Mardi 12h20. Entre la poire et le fromage, tu cherches dans tes souvenirs et tes papiers à quel moment tu as passé un diplôme d’enseignant(e) spécialisé(e).
Mardi 15h20. Tu demandes à ChatGPT comment gérer un enfant hautement perturbateur en classe. Il te répond qu’il faut rédiger un P.P.R.E. Tu te dis que l’intelligence artificielle, c’est bien de la merde.
Jeudi avant la classe. Tu appelles à l’aide Wonder Conseillère Pédagogique. Elle dit qu’elle viendra bientôt pour observer Lucas, et te donner des conseils. En attendant, elle te propose de mettre en place : « un contrat de comportement. Tu lui donnes une jolie pastille verte à chaque fois qu’il agit correctement. Mais surtout pas rouge, car ça pourrait l’énerver« .
Jeudi midi. Tu échanges avec les parents de Lucas à la grille.
– Il est très dur en classe.
– M’en parlez pas. A la maison aussi. D’ailleurs, c’est pour ça qu’on ne lui donne plus sa Ritaline.
– Il est sous Ritaline ? Mais pourquoi vous ne lui donnez plus ?
– Si, on lui donne. Mais quand il rentre de l’école, comme ça on a la paix à la maison.
Jeudi après-midi. Pour s’amuser, Lucas s’est renversé dans les cheveux le flacon de peinture jaune qui traînait sur ton bureau. La pédagogie est une seconde nature chez toi. Tu annules ta séance de lecture et proposes une séance en arts plastiques sur le portrait de Maryline Monroe par Andy Warhol.
Vendredi après-midi. Wonder Conseillère Pédagogique est venue observer Lucas :
« Je pense que c’est un enfant qui n’entre pas dans les apprentissages. »
Une telle analyse te rassure. Te voilà décomplexé(e). Toi aussi, tu peux prétendre à un poste de conseiller(e) pédagogique. Elle poursuit :
« Voici mon conseil, et ça fonctionne à tous les coups. Si vraiment Lucas est difficile, envoie-le chez un collègue. Allez, bon week-end ».
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