Où devant le pacte enseignant, je me prends pour Blanche Gardin

Le pacte LOL.

Ce week-end, sur les réseaux sociaux, Blanche Gardin a diffusé un texte adressé à Jeff Bezos, patron d’Amazon. Elle y explique pourquoi elle ne participera pas à la prochaine saison du jeu : Lol : Qui rit sort ! Pour m’éviter d’avoir à rédiger une chronique sur le pacte enseignant, je me propose de me la jouer Blanche Gardin et de reprendre (presque) l’intégrale de son texte en m’adressant à mon ministre plutôt qu’à Jeff Bezos.

Très très cher Monsieur Ndiaye
Je suis au regret de devoir refuser votre invitation à m’inscrire au pacte enseignant qui consiste à enchaîner les heures supplémentaires. J’ai bien compris qu’il s’agissait de revaloriser mon métier mais seulement voilà, après ma journée de classe, j’ai encore un peu de travail. Pour être honnête, à bientôt 50 ans, je ne passe pas non plus mes soirées le nez dans mon cahier-journal. Je ne suis plus un jeune prof. Notons à ce stade de cette chronique que le vocable jeune prof est un terme ancien désignant un enseignant entrant dans le métier. Aujourd’hui, on parle davantage de contractuel, voire d’emploi précaire.

Il se trouve aussi que je serais gêné aux entournures d’être rémunéré pour des missions supplémentaires alors que je suis déjà mal rémunéré pour ce que je fais déjà. Et puis entre nous, très très cher Monsieur Ndiaye, je suis professeur des écoles en CP/CE1. Comment je fais concrètement ?

Dans la mission complémentaire de soutien aux élèves de sixième, comment je fais pour être à l’heure au collège sachant que je ne quitte jamais avant minimum 17 heures ? A cette heure-là, je vais être coincé dans les bouchons, surtout qu’en ce moment il y a des travaux sur le pont de Warcq. A moins que je passe par la voie rapide et que je sorte à l’hôtel de ville… C’est jouable mais je risque d’arriver à la bourre, genre à peine les pieds au collège, je fais poser deux divisions, conjuguer trois verbes et ce sera déjà l’heure de partir.

Le pacte enseignant propose également des missions de coordination, d’accompagnement d’élèves ou de remplacement des profs absents. Cette mission, à la rigueur, je veux bien l’accepter. Mais c’est uniquement parce que je le fais déjà. D’ailleurs, si j’avais touché une prime à chaque fois que j’ai accueilli les élèves de mes collègues absents quand ils avaient le Covid alors qu’il ne fallait pas mélanger les groupes, je me serais offert un voyage dans l’espace avec Jeff Bezos.

Ce pacte enseignant pour quoi ? Pour qu’on enchaîne les missions, les pactes, les menus ? Avec un McMission de coordination XL, un P’tit Milkshake remplacement est offert ? Oui, ça me gêne.

D’autre part, en tant qu’enseignant, je caresse le rêve un peu fou d’avoir non pas des missions flexibles, hybrides ou uberisées mais juste des moyens pour travailler. J’ai bien conscience que mon niveau d’exigence est très élevé à notre époque, mais vous conviendrez qu’une classe à effectif raisonnable, un ordinateur qui s’allume en moins de 15 minutes et un peu d’encre dans mon imprimante ne serait pas un luxe.

Si toutefois, me lisant, vous tombiez des nues, en découvrant des choses dont vous n’étiez pas au courant et qui vous peinent, peut-être que vous pourriez me proposer un autre pacte, un pacte sérieux, un pacte de qualité. L’émission d’Amazon visée par Blanche Gardin s’appelle LOL : qui rit, sort ! Je vous propose en guise de chute à cette chronique une petite vanne du niveau de l’émission. Je suis d’origine belge. J’aime la bière. Plutôt qu’un pacte qui a l’air de faire pschitt , et si on s’ouvrait plutôt un pack ? Lol.

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