Les signes que ta séance d’arts plastiques est une catastrophe pédagogique

Maîtresse, on fait arts plastiques aujourd’hui ?

Tu es prof et aujourd’hui, tu mènes une séance d’arts plastiques, nommé comme tel par les enfants. Elle est également appelée leçon de dessins par les anciens et dynamique de va-et-vient entre expériences et connaissances, interreliant constamment la pratique plastique et le recul réflexif par les conseils pédagogiques arts et culture. Voici les signes que ta séance est comme un désastre pédagogique.

Tu n’as rien préparé. Tu as une vague idée de ce que tu veux faire ou plus exactement, tu sais à peu près ce qu’il te reste dans l’armoire de matériel, et surtout dans celle de ta collègue Christiane., là où tu vas te servir régulièrement. L’armoire de matériel est verrouillée car Christiane protège ses bouteilles de peinture tel Golum gardant son précieux. Heureusement, tu sais que la clé est cachée dans le tiroir de droite de son bureau. Comment le sais-tu ? Parce que c’est dans ce même tiroir que tu vas régulièrement lui voler de la Patafix.

Tu repenses à ta formatrice à l’IUFM qui te disait qu’une séance d’arts doit proposer une problématique conduisant à une éducation de la sensibilité par la sensibilité. Tu en ris encore puis tu screenshotes en guise d’unique fiche de préparation trois images sur le compte Instagram de Cro Choli Maikresse.

Tu proposes une séance sur Dubuffet, non pas par intérêt pour l’artiste mais parce que tu l’as déjà fait l’année dernière. Tu te souviens aussi que ça avait bien fonctionné. Pour toi, « bien fonctionné » ne signifie pas que les dessins des enfants sont jolis. Non, ça on s’en fout. Le plus important pour toi est que le temps de rangement et de nettoyage de la classe soit plus court que la séance elle-même. Le secret ? Dubuffet, avec des feutres, sans peinture. Cette séance est top ! A 16h35, tu seras dans ta voiture.

Tu acceptes que Yacim utilise un peu de peinture noire pour les contours. 10 minutes plus tard, et parce que tu ne sais pas dire non, tes 27 élèves ont tous un pinceau à la main et de la peinture sur le nez ou dans les cheveux.

Tu veux obtenir du vert avec du bleu et du jaune. Au final, tu as du marron couleur caca.

Tu tentes entre deux consignes et trois coups d’éponge de corriger un cahier du jour. En vain. Il y a toujours un perturbateur qui vient te demander si son dessin : « Il est beau maîtresse ? » Tu dis oui avec la tête mais non avec le cœur.
Cœur sur toi Jacques Prévert.

Tu réalises que tu n’aurais pas dû porter ce chemisier blanc, celui que tu t’es offert sur Vinted, et sur lequel Léa vient de renverser son pot de peinture.

Tu paniques quand Thomas te dit qu’il a terminé. L’ingrat, il n’aime pas les arts plastiques et il te fait le coup à chaque fois. Heureusement, tu as une parade pour l’occuper. Tu le regardes droit dans les yeux et tu lui dis : « C’est bien Thomas, mais ce serait plus beau s’il y avait plus de couleurs, partout. Tu connais le secret d’une œuvre d’art réussie ? Il ne faut plus qu’il y ait de blanc, nulle part ».

Tu pends des feuilles imbibées de peinture sur des séchoirs en plastique Ikea. Damned, tu as oublié de demander aux enfants d’écrire leur prénom au dos. C’est pas grave. De toute façon, les tableaux se ressemblent tous. Au début, tu voulais faire du Dubuffet avec des feutres. Maintenant tu as 25 croûtes façon Jason Pollock.

Tu réponds oui à Noam qui demande s’il peut aller laver son pinceau. Adèle demande si elle peut aller laver son pinceau. Shin demande si elle peut aller laver son pinceau. Tu dis à la classe que chacun peut aller laver son pinceau mais qu’il ne faut pas y aller tous en même temps. Tout le monde se précipite aux toilettes pour laver son pinceau.

Tu veux exposer les œuvres sur le mur du couloir, à côté de la porte de ta classe. Tu n’as plus de Patafix. Tu vas en voler dans le bureau de ta collègue Christiane, Tu regardes sur le mur en face les réalisations des élèves de ta collègue Christiane. C’est beau, cohérent, varié et pertinent. Tu avances jusqu’au banc de la cour de récréation. Tu t’assois, te lamentes sur ton incompétence pédagogique et pleures sur l’étendue de ta misère didactique.

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