« Je trouve plus ma feuille ». Ces petits riens qui font de ta journée de prof un enfer sur terre

Maîtreeeeeeesse…

C’est le printemps. Les températures sont douces et agréables. Ta journée de prof commence bien. Et puis soudain ce petit truc qui t’énerve (merci à Sabrine, Marjorie, Adrian, Aurore, Marie et Florie.)

Ça m’énerve quand je dis aux élèves : « On reprend le texte d’hier » et qu’il y en a 15 sur 28 qui l’ont perdu, oublié sur le bureau, jeté à la poubelle, transformé en avion en papier.

Ca m’énerve quand j’en vois 5 autres qui font mine de chercher le texte d’hier et qui au bout de 15 minutes, la tête dans le cartable, te disent que eux aussi l’ont perdu alors que j’ai déjà envoyé Shannaune faire des photocopies.

Ça m’énerve alors que je viens de poser une question à la classe, voir un élève lever la main et me dire quand je lui donne la parole : « Je peux y aller aux toilettes ? ». Ca m’énerve encore plus quand la moitié des élèves enchaîne avec : « Moi aussi », « Moi aussi !, « Moi aussi ! »

Ça m’énerve quand la collègue de la classe voisine me saute dessus 4 fois par jour pour me parler des difficultés de son petit Lukas ou me faire part de sa déception face à la sa nouvelle méthode de lecture en qui elle avait fondé de pédagogiques espoirs. Ce n’est plus du bavardage professionnelle, c’est du harcèlement. « Laisse-moi. Maintenant ça suffit. Va ruiner sa pause à un autre collègue, mais laisse-moi. » #balancetonprof

Ça m’énerve quand je tends à Hugo une feuille A4 pour qu’il la colle dans le cahier et qu’il sort une paire de ciseaux pour la découper alors que je me suis saigné aux quatre veines pour acheter des cahiers 24×32, couverture polypro translucide, épaisseur 80g, le top du top.

Ça m’énerve de préparer la classe jusque très tard la veille au soir chez moi et me rendre compte en arrivant à l’école que j’ai laissé ma clé USB sur le port de mon ordinateur.

Ça m’énerve quand je suis à la bourre le matin. Ca m’arrive rarement et comme par hasard, c’est toujours le matin où Windows a décidé de faire un mise à jour. Coïncidence ?

Ça m’énerve quand je fais le bon nombre de photocopies et que Léa lève le doigt pour dire : « J’en ai pas ». Laissant mes élèves sans surveillance, je cours à la photocopieuse, fonce dans le local de l’autre côté du couloir chercher une ramette A4, secoue le toner d’encre qui montre des signes de faiblesse, reviens essoufflé dans la classe pour entendre Mounir me dire : « J’en avais deux. »

Ça m’énerve quand encore bourré de la veille parce que Sonia et Rafik sont venus passer le week-end à la maison et qu’on s’est un peu lâché, je suis à la bourre et que la photocopieuse est également en mode bourrage.

Ça m’énerve quand le père de Mathis me demande un entretien à la fin de l’année pour te faire part de sa colère devant les faibles résultats scolaires de son enfant alors que tu ne l’as pas vu de l’année, n’a jamais répondu à tes messages, n’a signé aucun cahier depuis septembre et n’a jamais communiqué son adresse mail.

Ça m’énerve quand la psychologue scolaire vient observer un enfant pendant 10 minutes dans ma classe et m’en dresse un bilan pendant 30 minutes à l’heure du repas. Alors que moi, à midi, je me fous des problèmes psy de Machinchose, des troubles du comportement de Trucmuche ou des dossiers de prise en charge MDPH de n’importe quel enfant sur Terre. Moi à midi, j’ai faim, j’ai l’estomac qui réclame son PPRE : Poulet, Pâtes, Roquefort et Eclair au café.

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