« Tu devrais faire comme ça », par cette enseignante qui ne fait pas comme ça.

La parole à nos lectrices et lecteurs.

Comme nous aimons à le faire régulièrement, nous donnons la parole à des lectrices et lecteurs de notre site. Aujourd’hui, c’est Annie qui est notre invitée. Cette enseignante porte un regard sans concession sur son métier.

« Vous savez aujourd’hui on parle beaucoup de gestes professionnels, de posture… Je crois qu’au-delà des mots, il n’y a qu’une seule question à se poser : suis-je une bonne enseignante ou pas ? Je pense que je ne dois pas être trop mauvaise car cela fait bientôt 30 ans que je travaille à l’Education nationale, et il est justement de mon devoir de transmettre mes compétences aux plus jeunes. Je constate malheureusement que je devrais aussi échanger plus souvent avec certains collègues de ma génération. Encore aujourd’hui, je vois dans les classes des pratiques pédagogiques d’un autre temps.

Tenez pas plus tard que lundi dernier :  je suis au supermarché et je croise Nathalie, une collègue. Elle m’explique qu’elle a une classe difficile cette année, et qu’à chaque récréation, elle punit au moins 4 élèves. Alors là, excusez-moi, mais j’ai bondi. Depuis quand la frustration permet-elle de régler un problème ? C’est trop facile ce discours décliniste, et je ne me suis pas privée de lui dire. Quid des situations d’apprentissage motivantes ? Quid du travail sur les compétences psychosociales ? Et je ne parle pas de la pédagogie explicite. Je peux vous assurer qu’entre le rayon fromages et les surgelés, je lui ai expliqué ce qu’est devenu le métier de prof, ainsi que ma vision du rôle de l’enseignant. Oust les déclinistes !

J’ai bien vu que Nathalie était un peu fatiguée. Apparemment 32 élèves, ça lui semble beaucoup. Je comprends tout à fait qu’elle ne s’en sorte pas. Alors je lui ai conseillé de créer des parcours de compétences individualisés, en utilisant des outils numériques. Ceci permet de créer des pôles d’échanges de savoirs. C’est juste une question de volonté. Nathalie n’avait pas l’air très enthousiaste, mais j’ai été très claire, et je lui ai dit : Tu sais Nathalie, si j’avais une classe, c’est ce que je ferais.
Oui parce que je n’ai pas de classe actuellement. Depuis 15 ans. Je travaille à la Direction des Services Académiques, je suis chargée de mission. »

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