Cet abruti qui ne met pas son clignotant. J’aime pas les gens en voiture
Boualem en voiture.
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Dans la vie, je suis un bon gars, une crème, une bonne personne. Il ne se passe pas une journée sans qu’on me demande un coup de main, genre un déménagement, parce que tout le monde sait que je ne dirai pas non. Une crème je vous dis.
Mais une fois monté dans ma voiture, je me transforme. Plus rien ni personne ne compte quand je suis au volant. J’aime pas les gens en voiture.
J’aime pas les gens qui ne mettent pas leur clignotant. Le type devant moi, dans sa voiture, il tourne à gauche. M’indique-t-il au préalable son intention de changer de direction en m’avertissant par un signal lumineux intégré à son véhicule ? Non. Le cuistre, il tourne à la sauvage, de manière égoïste, sans penser à me donner la moindre information, courant le risque d’une collision et d’un accident. Le type ne pense qu’à lui, son nombril et son égo. Heureusement, ce genre de comportement changera bientôt grâce aux cours d’empathie à l’école.
J’aime pas les gens qui n’avancent pas. Je suis dans un boulevard où la vitesse autorisée est à 50 km/h. La Clio devant moi ne dépasse pas le 30. Ça m’énerve. Non pas de perdre du temps parce que je ne suis pas spécialement pressé d’arriver au travail. Ce qui m’énerve, c’est que les gens derrière moi pensent que ce ralentissement est de mon fait. Ils rejettent la faute sur moi, m’accusent par leur klaxon d’être le responsable du ralentissement, blessent ma fierté de conducteur chevronné. Je suis accusé à tort. Je suis Omar Raddad, la Clio m’a tuer.
J’aime pas les gens qui piquent ma place de parking. Je suis sur le parking de Carrefour. J’indique avec un clignotant que je souhaite m’engager sur la place qui est en train de se libérer quand soudain, un sombre connard arrive derrière moi et me la pique. En vrai, j’ai envie de sortir, prendre ma batte de baseball dans le coffre et défoncer la tronche de ce malotru en 4×4.
Je n’en ferai rien. Mon fils est à côté de moi. Père de famille trop choupinou, je préfère passer pour un faible qu’un être violent. Mais si un jour je le recroise, je l’éparpille sur le parking de Carrefour façon Puzzle.
J’aime pas les gens qui ne démarrent pas au feu vert. La Dacia devant moi, ça fait 3, 5, 10 secondes qu’elle devrait être de l’autre côté du carrefour. T’imagines si je faisais pareil dans la vie ? T’imagines si je mettais des plombes à réagir quand on me demande quelque chose ?
Franchement, qui fait ça.
Je veux dire, à part les gars qui bossent au rectorat, qui fait ça ?
J’aime pas les gens qui mettent la musique à fond. Surtout si c’est du Angèle, parce que franchement, on n’en peut plus d’Angèle.
J’aime pas les gens qui me doublent, qui me passent devant. Je sais bien que la route ne m’appartient pas, mais ça me met en rage. C’est lié à un trauma profond. Au travail, je bosse, je bosse, je mérite une promotion et au dernier moment ma feignasse de collègue qui n’en rame pas une me passe devant et obtient une augmentation à ma place. D’après ma psy, c’est le complexe Fordien. C’est comme le complexe Freudien, mais avec une Focus.
J’aime pas les enfants qui te font coucou, le nez collé à la lunette arrière de la Dacia. Une fois, c’est drôle. Au bout de trois fois, c’est lourd. A un moment donné faut savoir s’arrêter. C’est ce que ma psy nomme le syndrome Michel Drucker.
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