C’est quoi le Dry Pedagogy, cette tendance chez les profs dont tout le monde parle ?
Une tendance appelée à durer.
📚 Tu aimes notre travail ? Soutiens-nous avec un pourboire et reçois le roman FDP (version papier) gratuitement. Plus d’infos ici.
“J’arrive à l’école en même temps que les élèves, nous raconte Pauline V., enseignante. Je n’ai aucune idée de ce que l’on va faire. Je n’ai rien préparé, rien anticipé. Les élèves colorient des mandalas toute la journée, en complète autonomie comme ça le soir, je pars une dizaine de minutes avant la fin des cours pour éviter les bouchons.”
Comme de nombreux autres professeurs, Pauline est une adepte du Dry Pedagogy, autrement dit “mois sans pédagogie”. Le principe de cette tendance est simple : ne préparer aucun cours, ne proposer aucun enseignement et surtout précise Pauline : “ne rien faire écrire sur les cahiers ou les copies. Comme ça, je n’ai rien à corriger le soir et je peux mater tranquilou la dernière saison de You sur Netflix.”
La première édition du Dry Pedagogy remonte à plusieurs décennies. Elle fut d’abord initiée par un petit groupe d’enseignants qui décida, pour résister à la pression, de lever le pied. “Ce sont les premiers à avoir mis en place le Dry Pedagogy, se souvient Micheline-Claude Chignon, historienne de l’éducation. Mais au début, c’était différent. Ils appliquaient le Dry Pedagogy toute l’année. Entre le mois de septembre et le mois de juin, ils ne travaillaient que deux à trois heures par semaine. Mais bon, c’était logique : déchargés de classe, ils étaient conseillers à l’inspection ou au rectorat.”
En ce début d’année 2024, le Dry Pedagogy rencontre un véritable succès. De nombreux enseignants profitent de ce mois de janvier pour lever le pied et faire le vide pédagogique. « Et il faut s’en féliciter, avance Marie-Prune Gratindecourgettes, coach en développement personnel. Je reçois de nombreux enseignants dans mon cabinet. Je les aide à se recentrer sur eux-mêmes, à s’autoriser à faire et surtout à dire n’importe quoi. C’est très important de lâcher prise, de se libérer de nos chaînes didactiques pour, plus tard, à nouveau allumer le feu pédagogique.«
Le Dry Pedagogy, en français pédagogie sèche ou pédagogie sobre, semble convaincre chaque jour de nouveaux adeptes. De plus en plus de personnes s’autorisent le vide intellectuel et le néant le plus absolu quand ils abordent le sujet de l’école.
« Ah vous aussi vous avez écouté hier soir les propositions d’Emmanuel Macron sur l’école ? » nous demande Marie-Prune, rieuse.
Nous ne vivons qu’avec ton soutien. Pour nous permettre d’être encore là l’année prochaine, donne-nous un pourboire sur Tipeee.