24 élèves maximum, classes dédoublées, comédie en trois actes
Depuis le début du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, Jean-Michel Blanquer se targue d’avoir limité à 24 le nombre d’élèves dans les classes de CP, CE1 et CE2.
A cour, il y a les déclarations du ministre, solennelles, déclamées avec force au centre de la scène médiatique. A jardin, il y a la vraie vie, où de modestes comédiens tentent de mettre en scène un texte abscons. Prenons l’exemple de ce classique de la littérature blanquerienne : les mensonges sur le nombre d’élèves maximum par classe, une comédie en 3 actes.
Acte 1 : le conseil des Ministres
Le Président de la République : Bon il nous faut une idée pour redonner le moral aux profs, un truc fort, symbolique. Jean-Michel, une idée ?
Le Ministre de l’Education nationale : On pourrait faire une rentrée en musique ?
Le Président de la République : T’es con Jean-Michel. Sérieusement, t’as pas un truc complètement disruptif qui plairait aux parents ?
Le Ministre de l’Education nationale : Euh je sais pas… limiter le nombre d’élèves par classe pour toutes les classes de cycle 2.
Le Président de la République : Voilà une idée qui va dans le sens du progrès. En vérité, voilà un défi collectif que nous allons conduire en responsabilité.
Le Ministre de l’Education nationale : Par contre Emmanuel, une telle réforme implique un nombre beaucoup plus important de classes. Nous devrons faire face à un problème de place dans les écoles. Il va falloir en construire des centaines dans tout le pays.
Le Président de la République : Magnifique. Tel François Mitterrand avec l’Institut du monde arabe ou le grand Louvre, j’aurai moi aussi mes grands travaux, du Pôle scolaire Jules Ferry à Dijon à l’annexe de l’école maternelle à Rouvroy-Vérignon.
Acte 2 : le conseil d’Inspecteurs de l’Education Nationale
Le directeur académique : Bon on a reçu un mail du rectorat. L’année prochaine, il ne doit pas y avoir plus de 24 élèves en cycles 1 et 2 l’année prochaine.
Les inspecteurs : Il va falloir que l’on mette ça en place dans nos circonscriptions ?
Le directeur académique : Consigne du Ministre. On n’a pas le choix.
Inspecteur 1 : Monsieur le Directeur académique, sauf le respect dû à votre grandeur qui illumine de ses rayons incandescents cette triste de salle de réunion, admettez qu’on est tous un peu charrette en ce moment.
Le directeur académique : Paniquez pas les gars. On fait comme d’habitude. On fait croire qu’il y a 24 élèves par classe, je n’ai pas dit qu’il fallait qu’on le fasse.
Inspecteur 2 : Ouf vous m’avez fait peur votre grandeur.
Le directeur académique : Comme d’hab, on montre à la presse une classe à petit effectif, Gilles Bouleau nous en fait une tartine à 20 heures sur TF1, emballé, c’est pesé.
Inspecteur 1 : Vous êtes si intelligent Majesté, et vous sentez si bon.
Le directeur académique : Bon vous me collez le dossier des 24 élèves aux directeurs d’école, ils nous feront ça fissa comme d’habitude.
Acte 3 : le conseil des maîtres
La directrice : Bon on a reçu un mail de l’inspecteur. L’année prochaine, il ne doit pas y avoir plus de 24 élèves en cycle 2.
Les enseignants de GS, CP et CE1 : Mais c’est génial !
Les enseignants des autres niveaux : Mais c’est n’importe quoi !
La directrice : Consigne de l’inspecteur. On n’a pas le choix. Alors j’ai anticipé les répartitions, dites-moi ce que vous en pensez. A la rentrée, nous aurons une classe de grande section à 24, une classe de CP à 24, une classe de CE1 à 24 et une classe de CE2/CM1/CM2 à 56.
Les enseignants : Quoi ?!
La directrice : Oui, je sais ça fait beaucoup, mais on s’en fout, on filera la classe au nouvel enseignant qui sera nommé à la rentrée.⚫
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