Une école primaire expérimente le conseil d’école flexible
Une initiative originale.
L’école primaire Julien Doré de Grenoble a lancé la semaine dernière une initiative s’inspirant de la classe flexible. Rappelons qu’une classe flexible consiste à aménager l’espace de sorte que les enfants fassent ce qu’ils veulent et quand ils veulent. Cette pédagogie s’inspire légèrement du mouvement canadien flexible seating, et surtout de l’attitude d’Emmanuel Macron après les résultats des élections législatives.
Evelyne Tartosuc, directrice de l’école primaire Julien Doré, propose désormais un conseil d’école flexible. Elle a accepté de répondre à nos questions.
Avant toute chose, pouvez-vous nous expliquer ce qu’est une classe flexible ?
Pour vous la faire courte, une classe flexible, c’est une maîtresse qui fout ses tables en quatre groupes, appelle-ça des îlots pédagogiques et se la raconte sur Insta avec le hashtag #teamclasseflexible.
C’est un peu réducteur. Vous allez froisser nos lectrices et lecteurs qui travaillent avec cette pédagogie.
C’est vrai, vous avez raison. J’oubliais qu’en plus de nous gonfler avec leur classe flexible, elles portent souvent un tablier moche qu’elles appellent : le tablier de la maîtresse.
Intéressons-nous à votre initiative. Pourquoi mettre en place des conseils d’école flexibles ?
Je crois que la question ne se pose pas en ces termes. La question serait plutôt : Pourquoi mettre en place des conseils d’école ?
Cette idée de conseil d’école flexible est née parce que l’un des enseignants de l’école pratique déjà la classe flexible ?
Non. Cette idée est née parce que l’un des enseignants de l’école est revenu de vacances avec une bouteille de rhum . On s’est mis minable. Complément torchés, nous avons inventé le conseil d’école flexible.
Comment se déroule un conseil d’école flexible ?
Plutôt qu’une longue réunion où nous enchaînons un à un les points de l’ordre du jour, je propose dans la salle différents îlots où chaque participant peut se rendre à sa guise. Par exemple, il y a un espace où, lovés dans des petits fauteuils, les membres peuvent regarder sur une tablette la conférence de presse donnée par Anne Genetet en début de semaine sur le choc des savoirs.
Original. Est-ce que cet îlot remporte un certain succès ?
Impossible de vous répondre, les tablettes ne fonctionnaient pas. Nous sommes dans une école publique, ne l’oubliez pas. Déjà quand on arrive à allumer un ampoule, on saute de joie.
Un autre exemple d’îlot ?
Au centre de la pièce, je dispose des tapis de gym pour ceux qui souhaitent se détendre. La position couchée est très efficace pour mieux se connaître entre parents, enseignants et élus. Lors de notre précédente réunion, le maire et l’inspectrice se sont allongés l’un à côté de l’autre pour modifier l’avenant du projet éducatif local. Je peux vous dire qu’entre eux, la température est montée à plus de 19°, un vrai rapprochement entre la fonction publique d’état et la territoriale.
Le conseil d’école flexible ne favorise-t-il pas la division de ses participants ? Répartis ainsi en petits groupes, les membres ne peuvent pas de facto débattre collectivement et donc ne pas prendre de décisions ?
Complètement. Et c’est en ce sens que nous restons fidèles à ce qu’est un conseil d’école.
Une dernière chose avant de partir. Pour nous permettre d’être encore là l’année prochaine, donnez-nous un pourboire sur Tipeee ou pour les fêtes de Noël, offrez un de nos livres comme le roman FDP ou Le prof parfait n’existe pas. Rendez-vous dans notre librairie pour découvrir nos autres titres.