Ces voisins qui se racontent leur vie pendant le film. J’aime pas aller au cinéma

Boualem va au cinéma.

Quelqu’un peut-il m’expliquer quel est l’intérêt de dépenser une fortune pour s’enfermer dans le noir avec des gens que tu ne connais même pas pour regarder un film médiocre avec des dinosaures, ou avec une nonne maléfique ou encore plus terrifiant, Corinne Masiero. Je n’’aime pas aller au cinéma.

Le prix. Ce week-end, je suis allé au cinéma avec Yanis, mon fils, et son cousin Yassim, Ca nous a coûté un bras pour voir un remake de S.O.S. Fantômes que j’aurais pu télécharger gratuitement, ce que je ne fais pas parce que c’est illégal, et surtout parce que le site que j’utilise vient de fermer. Cette daube, ça m’a coûté 75 balles ! Le cinéma, c’est devenu un produit de luxe. C’est tellement cher que j’en arrive à souhaiter que Yanis fasse une connerie, même petite, pour le punir et le priver de cinéma.

Les films. Au cinéma, ce sont toujours les même films. Ce week-end, j’avais le choix entre des grosses comédies lourdes, genre Christian Clavier qui est tout chafouin parce que sa fille se marie avec un arabe. Ou alors des films d’action creux, genre Liam Neeson qui est tout chafouin parce que sa fille a été enlevée par un arabe. Ou pire, un drame du quotidien, genre Charlotte Gainsbourg et Kad Merad victimes d’une terrible méprise. La première est partie travailler avec, dans son sac à main, les clés de la voiture de son mari qui ne peut donc pas emmener les enfants à l’école. Un film de Dany Boon qui pourrait être une comédie mais qui est en fait un drame, car tous les films de Dany Boon sont dramatiques.

Les gens qui parlent. L’autre jour, Jean Dujardin disait en interview, toutes dents blanches dehors, qu’ « une salle de cinéma, c’est le lieu de l’émotion partagée. » Ca se voit qu’il n’est pas allé voir un film à l’UGC Ciné Cité de son quartier depuis des années. Une salle de cinéma, c’est surtout le lieu où tout le monde raconte sa vie, avant, pendant et après le film. Comment veux-tu te concentrer sur le film si, à côté de toi, ton voisin de siège explique chaque scène à son voisin ? C’est pénible ces gens qui ont besoin de parler de tout le temps, de raconter leur vie à leur voisin sans se soucier de ce qui se passe devant eux. Ils sont hyper impolis : on dirait des profs en formation.

Les publicités. L’été dernier, je vais au cinéma UGC Ciné Cité Les Halles à Paris. Je vois une publicité pour Dior avec Pierre Niney. On suit l’acteur, tourbillonnant, des plateaux de cinéma au désert marocain : « Let’s imagine that you have the power. »
Ce week-end, je vais au cinéma Le Palace à Rethel. Je vois une publicité pour les cheminées Heraiz à Boulzicourt. On suit un couple qui rentre dans un magasin pour acheter un poêle à pellets : « Votre spécialiste pour les poêles à bois et poêles à pellets. Cheminées Heraiz. ZAC du Moulin à Boulzicourt. »

Les toilettes. Chez moi, je peux rester deux heures devant Netflix sans bouger du canapé. Au cinéma, dès que le film commence, j’ai toujours envie d’aller aux toilettes. Dans le noir, je quitte mon siège, sors de la salle, cherche les toilettes, attends mon tour puis retourne à ma place. Résultat : j’ai raté 10 minutes. Bon ce n’est pas très grave puisque ce ne sont que 10 minutes. Mais si c’est un film de Quentin Dupieux, ça représente quand même la moitié.

Les gens dans le hall du cinéma. Quand je quitte la salle pour rejoindre la sortie, je croise toujours quelqu’un que je connais. Vient toujours ce sempiternel moment où l’un demande à l’autre ce qu’il est allé voir. Cet échange peut vite devenir problématique. L’autre jour, je croise Annie et son mari dont j’ai oublié le prénom mais qui a une tête à s’appeler Jean-Eude. Je lui demande :
– Vous êtes allés voir quoi ?
– Anatomie d’une chute, pour la deuxième fois. Un choc, une plongée bergmanienne dans la déliquescence d’un couple, tellement puissant, un chef d’œuvre. Tu l’as vu ?
– Non.
– Et toi, tu es allé voir quoi ?
– Les Tuche 3.

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