Elle fait sa rentrée sans ministre. Le témoignage de cette enseignante est bouleversant

Une rentrée pas comme les autres pour les enseignant(e)s.

Situation inédite en ce mois de septembre, la rentrée scolaire s’est effectuée ce lundi sans ministre de l’Education nationale. Pour mieux comprendre combien l’absence de gouvernement peut affecter le travail des enseignants, nous avons rencontré Nadège M. professeur et directrice d’école dans le Finistère.

Nadège, vous êtes enseignante, également chargée de la direction de votre école. Comment s’est déroulée votre rentrée ?
Comme d’habitude.
Une rentrée calme donc ?
Mon inspecteur m’a demandé la veille de la rentrée de revoir l’organisation pédagogique qu’il avait validée en juillet. Nous avons des classes à 28 élèves en moyenne, un demi-poste d’AESH pour 6 enfants en inclusion. Je ne parlerais donc pas de rentrée calme, mais je dirais que comme d’habitude, c’est la merde.
De plus, vous n’avez pas de ministre. Ceci doit rajouter du stress.
Non. Au contraire même.
Au contraire ? C’est-à-dire ?
C’est-à-dire qu’entendre mon ministre se féliciter chaque année sur BFM d’une rentrée réussie avec un professeur dans chaque classe, ça a tendance à me mettre les nerfs. Et quand je suis énervée, je me jette sur le chocolat. En 20 ans de métier, j’ai pris 20 kilos. Sans vous commandez, vous pouvez me passer la pince à ardoise ?

Celle-ci ?
Non, ça c’est la plieuse à zinc. La pince, c’est le truc orange à côté…
Attention à ne pas vous blesser en haut de cette échelle. Mais pourquoi changez-vous les tuiles du toit ?
On a eu un orage cet été. La mairie n’a plus de budget pour réparer la photocopieuse de l’école ou changer deux rideaux dans ma classe. Alors vous pensez bien que payer un couvreur, ce n’est même pas envisageable. Donc, si je ne change pas les tuiles moi-même, personne ne le fera.

Concrètement, en quoi cette rentrée scolaire est différente des précédentes ?
Je ne vois pas de différences. Comme chaque année, je suis au rendez-vous. Je suis présente, pour mes élèves, pour leurs parents et pour mes collègues. Et puis comme chaque année, je fais des conneries qui me font perdre un temps fou.
Vous parlez de ce mercredi matin passé à changer les tuiles du toit alors que ce n’est pas votre rôle ?
Non, je parle de la passation des évaluations nationales.
Qu’est-ce que l’on peut vous souhaiter pour cette nouvelle année scolaire, un nouveau ministre de l’Education nationale très vite ?
Si vous me permettez d’être très honnête, le plus urgent selon moi, ce serait d’avoir de nouvelles tuiles. Je n’en ai pas assez. Et quand je vois les gros nuages noirs qui arrivent derrière nous, je ne suis pas optimiste. Si l’on ne fait rien maintenant, mon école va continuer à prendre l’eau.

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