Anne Depetrini : L’école m’a beaucoup apporté

Anne Depetrini est la première invitée de notre nouvelle rubrique « Quand j’étais à l’école ». La réalisatrice nous présente son deuxième film « L’école est finie » en salle le 11 juillet, et revient pour ParentsProfs sur ses souvenirs d’élève.

« Le livret scolaire d’Anne Depetrini » 

  • Bac C
  • Prépa HEC
  • Sup de Co Paris (ESCP)
  • Master Information Média

Dans « L’école est finie », vous racontez le quotidien d’une professeure de collège fraîchement nommée dans un collège loin de chez elle. Comment vous êtes-vous documentée pour écrire l’histoire ?
Je n’ai pas écrit l’histoire, c’est une prof qui tenait un blog qui a écrit la première version, en racontant sa propre histoire. J’ai conservé les éléments principaux de son texte, et réécrit des situations de comédie. Mais je connaissais bien le sujet, car ma mère était prof d’allemand en collège à Paris.

Studieuse, rieuse ou les deux : Quelle élève étiez-vous ?
J’avais une maman prof, donc j’étais très studieuse, très sérieuse et très bonne élève. J’aimais bien l’école.

Que ce soit à l’école maternelle ou au lycée, quel est votre meilleur souvenir d’école ?
Je ne peux pas isoler un seul souvenir. Disons que j’ai bien rigolé en quatrième : j’étais dans une classe d’ « éléments perturbateurs », et on a fait pas mal de coups de crasse à nos profs, très drôles pour nous à l’époque.
Je me souviens de 2 trucs. Le premier en latin, on parlait en bougeant les lèvres mais sans faire aucun bruit, comme ça notre prof (qui l’était un peu) croyait qu’il était sourd. Bon, un classique.
Et sinon une autre fois, on avait enfermé notre prof d’histoire en dehors, en tenant tous la porte. Et au moment où il a commencé à essayer de forcer la porte avec son épaule, on a lâché d’un coup, et à cause de l’élan qu’il avait pris, il a traversé toute la classe en courant. Je me rends compte aujourd’hui à quel point on a été pénible.

Et votre pire souvenir ?
En troisième, nous avions une élève qui était devenue le bouc émissaire de la classe. C’était assez violent : je ne participais pas mais je ne faisais rien non plus pour la défendre. J’en ai conçu pas mal de honte par la suite. Même si je vous rassure, rien d’affreux ne s’est passé en soi, mais elle a du passer une sale année.

Y a-t-il un(e) enseignant(e) que vous n’avez pas oublié(e) ? Quelqu’un dont vous avez encore en mémoire la personnalité ou les cours.
Evidemment ! Deux. Madame Nicaise en cinquième, une prof de français d’une élégance folle : elle sentait toujours bon, elle nous donnait envie de lire et pour nous les filles, de grandir comme elle, avec sa culture et son raffinement. Et puis je me souviens surtout de Madame Junk en quatrième, une professeure qui nous racontait l’Histoire comme si on avait été là, et qui a façonné ma façon de voir le monde, à tel point que je la cite encore aujourd’hui.

« J’étais une enfant hyper timide »

En quoi l’école a-t-elle participé de ce que vous êtes devenue aujourd’hui, sur un plan professionnel, mais également sur un plan plus personnel ?
L’école m’a beaucoup apporté. J’étais une enfant hyper timide, et cela m’a socialisée. Cela m’a aussi permis d’évoluer dans le métier que je fais, de façon construite et rationnelle, ce qui est un avantage. Je m’en rends compte maintenant, car la prépa a été une période difficile à vivre, mais j’en ai retiré une faculté d’analyse qui me sort de bien des mauvais pas. Ceci étant, je constate aussi que notre système qui a marché sur moi, n’est peut être pas adapté à tous les enfants. J’étais ce qu’on appelle une élève « scolaire », et je n’étais pas du tout rétive à l’autorité.

Anne Depetrini, Ministre de l’Education nationale… quelle est votre première réforme ?
Plus de valorisation du sport, et des matières artistiques, encore totalement dévalorisées aujourd’hui, et je me rends compte que j’ai mis deux fois « valoriser« 

Un mot pour les enseignants qui vous lisent ?
Je vous respecte infiniment. J’aime les profs, car la plupart ont une réelle vocation. C’est une profession qui est, à tort, complètement dévalorisée, alors qu’aucun parent ne pourrait faire ce que font les profs. Ils font ça sans être suffisamment payés.

Et puis essayez de donner une représentation devant une assemblée d’ados sur-hormonnés qui ne veulent pas être là… Je mets au défi n’importe quel comédien de survivre à ça !

L’école est finie, un film d’Anne Depetrini, sortie le 11 juillet.
Agathe Langlois, parisienne jusqu’au bout des ongles bien vernis, est ravie : elle vient d’être titularisée comme professeur d’anglais. Le bonheur de cette nouvelle ne va pas durer, elle apprend qu’elle est mutée… à des centaines de kilomètres de son appartement parisien, en pleine campagne !