Aménagement de la classe : comment on fait quand on a 30 élèves ?

Notre tuto pédago.

« Au maximum, il y a 23 élèves par classe. » chante sur BFMTV le ministre de l’Education nationale (quand il y en a un), ou une rectrice d’académie se dandinant derrière son pupitre pendant sa conférence de rentrée.
23 par classe, c’est faux. Nombreux sont les profs qui se traînent toute l’année des classes de 30 élèves. Alors, comment fait-on pour aménager sa classe quand on ne parvient même pas à faire rentrer tout le monde dans la pièce ? Voici notre tuto pédago.

La disposition des tables des élèves en rangées distinctes a longtemps été considérée comme le mal absolu, car symbole d’une pédagogie réactionnaire, ne plaçant pas suffisamment l’enfant au cœur des apprentissages. A travers ce choix pédagogique, on devine la prédominance de la parole du professeur, l’absence totale de travail de groupes, et de facto le non recours à la démarche d’investigation dans l’enseignement des sciences, ce qui est une hérésie. Le plan ci-dessous illustre cette organisation.

On trouve malheureusement dans certaines classes des organisations spatiales encore plus réactionnaires. En voici un exemple.

La présence d’une estrade au pied du tableau montre combien l’enseignant affiche une supériorité provocatrice envers ses élèves. On devine les pensées du fonctionnaire, son pied à peine posé sur le parquet blanchi de cette scène d’opérette :
– Oui je suis sur une estrade. Oui je suis plus grand que vous. Oui j’ai le savoir absolu et vous n’êtes tous que des petits scarabées. En plus, j’ai une Megane Scenic. Ha ha ha !

Depuis quelques années, les rangées distinctes font leur grand retour en classe. D’abord parce que le vintage est à la mode. Ensuite parce qu’avec 30 élèves par classe et du mobilier qui n’a pas été renouvelé depuis 30 ans, il n’est pas toujours facile d’organiser ses tables en groupe de travail avec des jolis pots à crayons colorés, comme on le voit chez les instagrameuses profs.

Les rangées distinctes peuvent être efficaces, pourvu que l’on place les élèves de manière stratégique. Voici un exemple.

Dans la partie verte se trouvent les bons élèves. Calmes, ils savent se concentrer plus de 15 secondes pour écouter la consigne du prof. Dans la zone orange sont assis les élèves qui mettent plus de temps à recopier leurs phrases parce que déjà, ils ont mis 20 minutes à trouver leur stylo bleu. En zone rouge, ceux qui dansent sur leur chaise ou qui courent partout dans la classe, cherchant désespérément leur AESH qui a disparu parce que l’Etat a préféré dépollué la Seine plutôt que de donner des moyens à l’école inclusive.
Même si l’enseignant a judicieusement placé l’enfant hautement perturbateur dans la zone noire à côté du bureau, force est de constater que cette organisation n’est pas optimale. Autre solution : le panachage.

Le panachage consiste à répartir les élèves de la zone rouge dans toute la classe, de sorte à séparer les perturbateurs. Malin. Malheureusement, au fil de l’année scolaire, les enfants évoluent : les studieux deviennent pénibles. Certains bavards impénitents travaillent correctement et pire, ceux qui passaient leur journée au mois de septembre à regarder par la fenêtre commencent à s’intéresser à ce que le prof propose.
Il faut donc convenir d’un code couleur, allant du noir au vert en passant par le rose, et qui permet de croiser le niveau scolaire et le comportement.

En début d’année scolaire, de nombreux enseignants font subir aux élèves la passation des évaluations nationales. Subir est d’ailleurs le mot qui convient le mieux à ces deux semaines d’angoisse. L’analyse des résultats permet de connaître les difficultés de certains élèves, et donc d’aménager sa classe en groupes de besoin, ou de niveau, ou de n’importe quel autre nom vide de sens. Bon, on ne va pas se mentir : les livrets d’évaluations nationales sont aussi tristes et austères qu’un dimanche après-midi pluvieux dans un Ehpad de Chateauroux Alors, il revient au professeur de mettre un peu de fantaisie lorsqu’il fait passer les évaluations nationales aux élèves. On peut s’appuyer sur la littérature de jeunesse. Elmer l’éléphant par exemple.

Il existe d’autres propositions pour aménager une salle de classe. Nous avons une préférence pour cette dernière qui est vraiment dans l’air du temps. En effet, à force de travailler dans des conditions misérables et d’être maltraité par son administration, l’enseignant aura raison d’adopter cet aménagement :

On sort les fauteuils, le spa, le petit apéro qui va bien. Un seul mot d’ordre : on se la joue chill et on se remettra à bosser quand on en aura les moyens.

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